Le chat Botté


Le chat botté

Un meunier à sa mort ne laissa à ses trois enfants que son moulin, son âne et son chat.
Les partages furent rapidement faits :
Le plus âgé reçut le moulin, le second eut l'âne, et le plus jeune hérita du chat.
Ce dernier était désolé:
- Mes frères ont eu plus de chance que moi. Que vais-je faire d’un chat ? Je pourrai avec sa fourrure me confectionner une écharpe bien chaude pour l’hiver.
Hélas, ensuite je vais mourir de faim car je n’ai plus d’argent.
Le chat qui entendait ce discours, lui dit:
- Ne soyez pas triste, mon bon maître, écoutez-moi et vous verrez que je peux vous aider.
Le maître du chat très surpris :
- un chat qui parle ! ça n’existe pas ?

- Et oui ! je parle ! et même j’ai beaucoup d’autres dons. Donnez-moi une belle paire de bottes et un sac et je ferais votre fortune,
- Je sais que tu es très doué ! je t’ai vu souvent faire des pirouettes, te cacher et même faire le mort pour surprendre les oiseaux, mais de là à m’apporter la richesse !
- Faites moi confiance, je vous rendrais heureux mon maître
- Tu as raison, je n’ai rien à perdre. Tiens, il me reste un peu d’argent pour t’acheter ce que tu me demandes.
Lorsque le chat reçut ce qu'il avait demandé, il se botta et partit le sac à son cou.-
- Je vais construire un piège avec ce sac dans le champ où il y a beaucoup de lapins. Je vais attendre patiemment couché près du sac en faisant le mort.
- Et voilà, j’ai réussi à prendre ce jeune lapin,dit-il en tirant sur une corde au moment où celui-ci entrait dans le sac
- Maintenant je vais me rendre chez le roi pour lui porter ce lapin.
Quand il arriva au château, il demanda à parler au roi :
- Voilà, sire, un lapin que mon maître le Marquis de Carabas vous envoie de sa part
- Dis à ton maître, que je le remercie car j’adore le civet de lapin.
Une autre fois, le chat alla se cacher dans un champ de blé, et grâce à son sac magique il réussit à prendre deux belles perdrix.
- Elles sont bien dodues, je vais les offrir au roi. Il alla ensuite les lui présenter :
- Voilà sire ce superbe présent du marquis de Carabas, encore meilleur que le lapereau de la dernière fois.
- Tu remercieras bien ton maître, j’aime beaucoup les perdrix.
Le chat continua ainsi pendant deux ou trois mois à porter de temps en temps au roi du gibier sensé provenir de la chasse de son maître.
- Quelle chance pensa le chat, Je viens d’apprendre que le roi doit aller se promener sur le bord de la rivière avec sa fille. On dit que c’est la plus belle princesse du monde.
- Maître, si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite; vous n'avez qu'à vous baigner dans la rivière à l'endroit que je vous montrerai. Ne soyez pas surpris, on va vous appeler désormais « marquis de Carabas ».
Le Marquis de Carabas écouta les conseils du chat et plongea dans l’eau.
Pendant qu'il se baignait, le carrosse du roi arriva. Le chat se mit à crier de toutes ses forces:
- Au secours, au secours, mon maître le Marquis de Carabas se noie!
À ce cri le roi se pencha à la portière, et reconnut le chat qui lui avait apporté tant de gibier,
- Gardes , allez vite sauver le Monsieur le Marquis de Carabas.
Pendant qu'on retirait le pauvre marquis de la rivière, le chat s'approcha du carrosse et dit au roi:
- Sire pendant que mon maître se baignait, des voleurs lui ont pris ses habits. Il n’a plus rien pour se vêtir (notre petit matou bien malin avait caché les vêtements sous une grosse pierre).
- Qu’on fasse venir la servante. Vite allez chercher au palais un des plus beaux habits pour monsieur le Marquis de Carabas.
Dès que le fils du meunier fût habillé la fille du roi en fut toute éblouie :
- Père que le marquis de Carabas est beau, il ressemble à un prince. Je crois que je suis tombée amoureuse
- Le roi ému dit : Marquis, veillez monter dans mon carrosse et poursuivre la promenade en notre compagnie.
- Mon plan réussit plutôt bien pour le moment, comme je l’avais prévu, pensa le chat,
- Maître je vais partir devant pour précéder le carrosse du roi, surtout laissez moi faire
Quelques instants plus tard le chat rencontra des paysans qui fauchaient un pré, il leur dit:
- Bonnes gens qui fauchez, dites au roi que le pré que vous fauchez appartient à Monsieur le Marquis de Carabas, sinon vous serez tous hachés menu comme chair à pâté.
Quand le roi fut à hauteur des faucheurs, il s’étonna : A qui appartient ce pré que vous fauchez ?
- C'est à monsieur le Marquis de Carabas, dirent-ils tous ensemble, encore effrayés par la menace du chat.
- Vous avez de très belles propriétés monsieur le Marquis de Carabas.
- Vous voyez, sire, répondit le marquis, c'est un pré qui me rapporte abondamment de blé chaque année. Et plus doucement : - je ne comprends pas ce qui se passe, soupira notre marquis
Le maître chat, rencontra également des moissonneurs, et leur dit:
- Bonnes gens qui moissonnez, dites que tout ce blé appartient à monsieur le Marquis de Carabas, sinon vous serez tous hachés menu comme chair à pâté.
- Et quand le roi fut proche il questionna : A qui appartient tout ce blé que je vois dit le roi ?
- C'est à monsieur le Marquis de Carabas, répondirent en choeur les moissonneurs
- Ce marquis est bien riche et sa fortune pourrait bien convenir pour ma fille
Le maître chat arriva enfin dans un beau château dont le maître était un ogre, un homme très riche qui possédait toutes les terres que le roi et son maître venaient de traverser.
Le chat demanda à lui parler :
- Je suis très honoré de vous rencontrer. Votre puissance est devenue légendaire. On m’a dit que vous aviez le don de vous changer en toute sorte d'animaux, en lion, en éléphant? Mais vous êtes trop vieux maintenant pour réussir ces prouesses !
- Comment vous doutez de mes dons ? Tenez pour vous le montrer, je vais me transformer en un terrible lion.
Aussitôt un lion féroce se mit à rugir.
- Vite il faut que je grimpe sur cette gouttière du château, où le vais me faire dévorer par ce monstre
- L’ogre reprit forme humaine
- On m'a affirmé encore, dit le chat, mais je ne peux le croire, que vous pouviez prendre la forme d’un tout petit animal comme un rat, une souris. Mais là c’est impossible.
-Impossible? reprit l'ogre, vous allez voir ce dont je suis capable, et aussitôt il se changea en une souris qui se mit à courir sur le plancher.
- Vite, vite dit le chat, je vais la dévorer avant que l’ogre ne reprenne sa forme. Il se jeta sur la petite souris et la mangea.
C’est à ce moment là que le chat entendit le bruit du carrosse qui passait sur le pont-levis. Il courut au-devant, et dit au roi:
- Que votre majesté soit la bienvenue dans le château de monsieur le Marquis de Carabas.
- Comment Monsieur le Marquis, s'écria le roi, ce château est encore à vous! Il n'y a rien de plus beau que cette cour et que tous ces bâtiments !
- Princesse donnez moi la main ! Ce château est à vous, dit le marquis, en suivant le roi qui entrait dans la plus grande salle où un superbe repas les attendait.
- Monsieur le Marquis, je suis enchanté par vos qualités voulez-vous épouser ma fille ?
- Quelle chance pour un pauvre meunier d’épouser une princesse, pensa mon maître, et il accepta l'honneur que lui faisait le roi.
Et le chat ? il devint grand seigneur, et ne courut plus après les souris que pour se divertir.